📅 Vendredi 20 septembre à 17h, ne manquez pas la rencontre du mois en science humaine avec Nelo Magalhães et son essai aux éditions La fabrique 📕 Accumuler du béton, tracer des routes : une histoire environnementale des grandes infrastructures
🛣 Une rencontre animée par Marie Forêt pour explorer l’histoire des infrastructures routières en France, marquée par l’accélération fulgurante de l’après-guerre, où le "tout béton" a progressivement remplacé la pierre. Ce tournant décisif a engendré de nouvelles contraintes d’entretien et de gestion pour ces infrastructures massives, qui continuent de façonner notre paysage.
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📖 À propos :
Ce livre nous plonge dans l'histoire longue de la construction des infrastructures de transport en France. Après la Seconde Guerre mondiale, le choix politique d'intensifier le trafic routier pour soutenir une consommation de masse et un commerce de plus en plus mondialisé se traduit par la mise en chantier de milliers de kilomètres de routes et d'autoroutes flanqués de ponts, viaducs, tunnels et murs de soutènement.
Ce programme a accompagné une extension sans précédent du bâti – à travers la construction de ports, d'aéroports, de villes nouvelles, de centrales nucléaires, d'installations hydroélectriques –, et le remembrement de millions d'hectares de terres agricoles : en un mot, il a profondément affecté les paysages et transformé l'espace physique et vécu. Nelo Magalhães révèle l'envers du décor et les conséquences environnementales de cette « grande accélération » commencée dans les années 1950, qui radicalise des innovations et procédés nés dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Dans les esprits et sur les chantiers, le ciment et le béton ont définitivement remplacé la pierre, tandis que les ingénieurs supplantaient les maçons. Les mégamachines se sont substituées aux ouvriers du terrassement. La chimie et l'industrialisation des techniques ont permis une véritable révolution dans la production de l'espace, en l'affranchissant des contraintes du relief, du climat et de la géologie : « abstraire le sol » pour faire passer la route – et supporter le poids des camions – est devenu un leitmotiv de ce qu'on appelle l'aménagement du territoire.
Mais cette révolution ne s'est pas accomplie seulement dans les laboratoires et les bureaux d'études. Elle s'appuie, aujourd'hui plus que jamais, sur un titanesque effort matériel et sur le déplacement de milliards de mètres cubes de terre, de sable et de pierre pour les travaux de terrassement. L'enquête met ainsi au centre de l'analyse « l'extractivisme ordinaire » des carrières françaises, et une matière clé du capitalocène : le granulat.
Si l'engouement pour le béton et le transport routier ne s'est pas démenti entre la période fordiste et l'ère néolibérale du capitalisme, de nouveaux enjeux ont vu le jour : entretenir cette infrastructure massive et fragile, et gérer les crises sociales et écologiques qu'elle suscite. Dans la langue des décideurs et des ingénieurs : « maintenir » et « valoriser ».
Alors que les conflits et controverses autour des projets de construction se multiplient, dévoilant les manœuvres de la puissante industrie cimentière, ce livre identifie quelques verrous qui rendent le bâti si pesant. Un préalable pour penser des perspectives plus légères.