Qu’est-ce que l’identité ? Le chorégraphe portugais appréhende cette notion trouble, aussi philosophique que politique, par la danse collective : les gestes dont on hérite, ceux que l’on produit instinctivement et ceux que l’on crée au contact des autres. Un mélange des genres pour un manifeste libérateur.
À l’heure où les crispations identitaires se renforcent, d’un individu, d’une classe sociale ou d’une nationalité à l’autre, Marco da Silva Ferreira pose l’éternelle question « Qui suis-je ? » à une communauté de dix jeunes danseur·euses. Batteur et musicien électronique sur scène, plateau blanc, CARCAÇA s’ouvre avec un solo félin qui enrôle tout un groupe à sa suite, sur des percussions endiablées et des vagues électromagnétiques. Costumes colorés et sneakers aux pieds, la troupe se fait tantôt marionnettique et uniforme, tantôt nuée d’électrons libres. Waacking, voguing, kuduro, clubbing ou danses folkloriques, si elle se rassemble selon les règles de traditions héritées, c’est pour mieux se transformer en matrice intuitive et inclusive. Avec CARCAÇA, le chorégraphe puise dans les répertoires populaires de la danse pour expérimenter, à même la scène, avec une énergie libératrice, la plasticité d’une « identité collective » contemporaine, dégagée des normes « autoritaires, totalitaires et paternalistes du passé ».