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Les Théâtrales 2024-2025
11 ans. Cela fait 11 ans que je rêve de ce projet : mettre en scène au théâtre le film qui m’a donné l’envie de lire, d’écrire, de créer mais surtout de faire du théâtre, alors que, comme l’un des personnages principaux, j’étais issu d’une famille qui n’était pas destinée à monter sur les planches.
Ce film, ma madeleine de Proust, c’est Le Cercle des Poètes Disparus.
Il prône des valeurs qui me sont chères : la transmission et la passion d’aller au bout de ses rêves.
Le mettre en scène, c’était non seulement l’occasion de concrétiser le mien mais aussi l’opportunité de faire découvrir aux spectateurs de jeunes et nouveaux talents pleins d’avenir.
Mon premier objectif était de faire de ce film, une pièce de théâtre à part entière tout en gardant son contexte historique : les Etats-Unis des années 50. Pour cela, il me fallait conserver dans les costumes et les accessoires, une certaine fidélité à l’époque. En revanche, pour symboliser la classe, j’ai choisi d’y installer un tableau surdimensionné de 9 mètres de large. Il m’apparaissait en effet, que cet objet, si évocateur, si porteur d’angoisse pour certains jeunes élèves, pouvait devenir poétique, un lieu des possibles où pouvait tantôt s’écrire un cours, tantôt suggérer, grâce à la projection vidéos de dessins à la craie, d’autres lieux. Pour ce qui est des pupitres de la salle de classe, je souhaitais absolument qu’à l’instar des élèves et de leur évolution au cours de l’histoire, que ceux-ci ne soient pas figés. En effet, la classe ayant un rôle important dans la pièce, j’ai voulu la considérer à part entière comme je l’aurais fait pour un acteur. Qu’elle apparaisse aux spectateurs sous différents angles, comme un acteur aurait pu nuancer son jeu. L’idée était de changer les perspectives afin d’élargir la vision du spectateur, et lui donner la possibilité de voir les scènes autrement. Et j’ai aussi, dans une quête de mouvement et d’énergie, pris le parti que les changements d’axes se fassent à vue par les élèves eux-mêmes.
Les lumières et la musique quant à elles permettent de soutenir les enjeux et les émotions apportés par les différents tableaux.
Mettre en scène enfin ce spectacle, c’est aussi l’occasion de montrer à quel point certains aspects de l’oeuvre résonnent encore par leur nécessité.
Rappeler que l’enseignement d’un professeur et la lecture de grands textes peuvent permettre à des élèves de découvrir des horizons insoupçonnés. Et j’espère, en plus de transmettre des émotions à toutes les générations, pouvoir rappeler un des principes du professeur Keating, l’intérêt de « Saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent ».
L’importance du Carpe Diem.
Pour autant, cette histoire pose également une question essentielle que je ne souhaite pas éluder. Peut-on réellement penser par soi-même ? J’ai bon espoir que ma mise en scène, plutôt que d’y apporter une réponse définitive saura reposer la question et en rappeler l’intemporalité.
Olivier Solivérès, metteur en scène.