Le prochain festival du Cercle des Amis du Cinéma se déroulera du 18 au 25 mars au Ciné-Capitole. Cette année, ce sera l'âge d'or du cinéma italien qui sera à l'honneur avec la programmation de 15 films.
Les événements du festival :
- Mardi 18 mars à 20h :
Ouverture du festival avec buffet italien offert par notre association.
Présentation du festival.
Projection du film d’ouverture : la comédie Dommage que tu sois une canaille.
- Jeudi 20 mars à 20h :
Intervention : « Comédie à l’italienne : nous l’avons tant aimée ! », par Fabrice Ben Attar (membre de la Società Dante Alighieri).
Projection du film Le Pigeon.
- Vendredi 21 mars à 20h :
Concert : « Inoubliables musiques du cinéma italien », interprété par Jean-Baptiste Rousseaux (trompette) et Philippe Faurie (guitare).
Projection du film Bellissima.
- Samedi 22 mars à 16h15 :
Intervention de Mathias Sabourdin (directeur de publication du Dictionnaire du cinéma italien – éditions Nouveau Monde, 2014) : « Le cinéma de Fellini ou le grand cirque des apparences ».
Projection du film Le Casanova de Fellini.
- Dimanche 23 mars à 15h30 :
Intervention de Francesco Gioia (membre de la Società Dante Alighieri) : « Naples, musique et cinéma ».
Projection du film L’Or de Naples.
- Mardi 25 mars à 20h :
Clôture du festival avec apéritif offert par la Società Dante Alighieri à l’occasion du jour anniversaire du « Dantedì».
Quizz.
Prix du public.
Projection du film Parfum de femme.
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FILMS A L'AFFICHE DU FESTIVAL
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Le Casanova de Fellini – Federico Fellini – 1976 – 2h34
Avec : Donald Sutherland, Tina Aumont, Cicely Browne. Mary Marquet.
De Venise en Bohême, en passant par Londres, Rome, la Suisse, Dresde et le Wurtemberg, Fellini nous convie ici à suivre, à travers l’Europe du XVIIIème siècle, les aventures du plus célèbre des séducteurs. Sa vision s’écarte néanmoins de celle, éclatante et virtuose, que nous a laissée Casanova dans les volumes de ses non moins fameux Mémoires : c’est à un ballet hallucinatoire, tantôt mystérieux, tantôt macabre, mais toujours hanté par la décadence, que nous assistons ici. L’occasion, pour le metteur en scène, de projeter ses habituels fantasmes et ses motifs de prédilection.
Démonstration grandiose du génie de son réalisateur, Le Casanova de Fellini ne cesse de nous surprendre, de nous émerveiller et de nous plonger entre rêve et réalité. Ingéniosité des décors, beauté des costumes, composition crépusculaire des comédiens, tout contribue à faire de ce film une œuvre grandiose et inoubliable, bien que trop rarement diffusée. Un spectacle immense en perspective !
Les Vitelloni – Federico Fellini – 1953 – 1h43
Avec : Franco Fabrizi, Alberto Sordi, Franco Interlenghi, Leopoldo Trieste.
Fin de l’été dans les rues de Pescara, petite ville balnéaire. Cinq jeunes gens, surnommés « les vitelloni », errent dans ce paysage déserté, que modifie à peine l’agitation du carnaval. Sans emploi, désœuvrés et mal vus de la population locale, ils partagent leur quotidien, teinté de mélancolie. « Vitelloni », cela signifie littéralement : « les grands veaux » ; mais le mot prend ici le sens, difficilement traduisible, de « jeunes inadaptés, grands garçons sans projet peinant à entrer dans la vie d’adulte ».
Ce « Fellini » de la première période, mélange de la légèreté du Cheik blanc (1952) et du lyrisme fiévreux de La Strada (1954), reste encore aujourd’hui une merveille de sensibilité par l’équilibre délicat des tonalités qui s’y mêlent. Les jeunes Alberto Sordi, Franco Fabrizi et consorts y incarnent à merveille ces jeunes gens perdus dans l’errance mais habités, peut-être, par des rêves et des espoirs secrets. Un grand moment de rire et d’émotion à la fois, sous la caméra du maestro.
Mort à Venise – Luchino Visconti – 1971 – 2h10
Avec : Dirk Bogarde, Björn Andrésen, Silvana Mangano, Romolo Valli.
Au début du XXème siècle, lors d’un séjour mélancolique dans un grand hôtel de Venise, le compositeur Gustav von Aschenbach fait la rencontre de Tadzio, jeune homme à la beauté fascinante. Tandis qu’autour de lui, le choléra fait rage, l’artiste vieillissant ne cesse de repousser l’heure de son départ et se laisse peu à peu gagner par les charmes vénéneux de l’idéal, de la création, de la nostalgie…
Sommet de l’œuvre de Visconti et de l’expression cinématographique tout court, Mort à Venise fascine depuis des générations par le raffinement décadent de ses décors, de ses costumes, de sa musique… Eros (l’amour) et Thanatos (la mort) s’y rejoignent en une dernière danse pour le personnage principal, auquel l’immense Dirk Bogarde prête ses traits en véritable alter ego du metteur en scène. Seul le grand écran peut rendre totalement justice à un tel chef-d’œuvre, qui s’apprécie comme un tableau de maître aussi bien que comme une partition délicatement parachevée. Une représentation à ne pas manquer.
Bellissima – Luchino Visconti – 1951 – 1h54
Avec : Anna Magnani, Walter Chiari, Tina Apicella, Alessandro Blasetti.
L’Italie de l’après-guerre. Maddalena vit dans un quartier pauvre de Rome et désespère de pouvoir offrir à sa fille Maria, âgée de sept ans, un avenir heureux. Toutefois, lorsqu’elle apprend que le grand réalisateur Alessandro Blasetti recherche une petite fille pour jouer dans son prochain film et organise pour cela des auditions à Cinecittà, elle sera prête à tous les sacrifices pour que son enfant se retrouve sous les feux des projecteurs.
« Le vrai sujet c'était Magnani. Je voulais faire avec elle le portrait d'une femme, d'une mère moderne, et je crois l'avoir assez bien réussi, parce que Magnani m'a prêté son énorme talent, sa personnalité. C'est cela qui m'intéressait. Non pas tellement le milieu du cinéma. » (Luchino Visconti) Néanmoins une vision sublime, à travers la mise en abyme de la création cinématographique, du désir de s’élever, de briller, et de tous les risques qui l’accompagnent. Un film fort et puissant, récemment restauré.
L’Eclipse – Michelangelo Antonioni – 1962 – 2h05
Avec : Monica Vitti, Alain Delon, Francisco Rabal.
Lasse de sa relation avec Riccardo, Vittoria, jeune femme issue d’un milieu modeste, rompt avec lui malgré ses supplications. C’est à la Bourse de Rome, où elle retrouve sa mère occupée à jouer, qu’elle va faire la connaissance d’un jeune et séduisant agent de change. Saura-t-il néanmoins lui faire oublier l’amertume et la désillusion laissées en elle par sa précédente liaison amoureuse ? Dans un univers gouverné par la finance et une modernité desséchante, rien n’est moins sûr…
Avec L’Avventura (1960), La Notte (1961) et, plus tard, Le Désert rouge (1964), L’Eclipse traduit les interrogations et les craintes d’une génération en butte à la modernité et à ses symboles.
Antonioni opère ici une radiographie à la fois lumineuse et sombre de la société de son temps, où le pouvoir de l’argent menace dangereusement les relations humaines, notamment sentimentales. Le talent des jeunes Monica Vitti et Alain Delon se met admirablement au service du génie de la mise en scène. Un très grand film, toujours aussi chargé de sens soixante ans après sa sortie.
Dommage que tu sois une canaille – Alessandro Blasetti – 1955 – 1h35
Avec : Sophia Loren, Marcello Mastroianni, Vittorio De Sica, Margherita Bagni.
Paolo, jeune chauffeur de taxi honnête et sans histoire, conduit un groupe de jeunes gens au bord de la mer. Lorsqu’il manque se faire voler son taxi par ceux qui s’avèrent être une bande de malfrats, il est loin de se douter que Lina, leur séduisante mais rouée complice, saura user de ses charmes à son endroit. Incapable de la dénoncer, pas plus que ses acolytes, il va bien vite se laisser mener par le bout du nez. Sans compter l’intervention du père de la jeune fille, inénarrable et brillant escroc.
Cette charmante farce au pays des voyous contribue à signer les débuts de la comédie à l’italienne,qui connaîtra le succès que l’on sait sur un plan international. En témoignent l’irrévérence du ton ainsi que la fraîcheur des très jeunes Sophia Loren et Marcello Mastroianni, qui bien qu’à leurs tout débuts portent déjà en germes toute une part des décennies à venir pour le cinéma transalpin.
Vittorio De Sica, maître du néoréalisme, assure le passage de relais entre deux époques, sous la caméra malicieuse de Blasetti. Un film délicieux et rarement diffusé.
Le Pigeon - Mario Monicelli – 1958 - 1h45
Avec Vittorio Gassman, Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Totò.
Quatre voleurs sans envergure cherchent un gros coup. Cosimo a bien une idée mais il est en prison. Ses complices trouvent un « pigeon », Peppe, qui accepte d’avouer le crime de Cosimo et de prendre sa place derrière les barreaux. Mais Peppe vole le plan des malfrats et forme sa propre bande…
Le Pigeon marque la naissance d’une comédie plus complexe qui s’enrichit de tonalités culturelles voire politiques. Monicelli déroule le récit sur un microcosme tragi-comique de marginaux. Traiter des sujets dramatiques en termes comiques, tel fut l’apport essentiel de la comédie à l’italienne.
Parfum de femme – Dino Risi – 1974 – 1h43
Avec : Vittorio Gassman, Agostina Belli, Alessandro Momo, Moira Orfei.
Ciccio, jeune ordonnance, se voit confier pour quelques jours une mission délicate : accompagner un ancien capitaine devenu aveugle, durant un périple à travers l’Italie (Turin, Gênes, Rome, Naples). Très vite, l’autoritaire et colérique Fausto Consolo va faire du jeune homme la cible de toutes ses moqueries : il le mêle à ses aventures débridées, ironise sur son innocence et le rend témoin de ses relations difficiles ou grivoises avec la gent féminine. Mais la douleur et l’amertume ne tarderont pas à affleurer derrière le masque grossier et cynique de cet être blessé et en fin de parcours…
« Dionysiaque, impérial, Vittorio Gassman plane comme un orage sur le reste de la distribution. Il a ses formidables coups de tonnerre et ses averses brutales, ses ombres menaçantes, ses brèches de lumière. […]. Dino Risi livre une mordante satire de moeurs à l'italienne, bouffonne jusqu'au vertige, mais aussi une réflexion fébrile sur la souffrance, le dégoût de soi, la peur d'aimer et d'espérer. Et ce chef-d'oeuvre déroutant, ricanant, révèle sa seconde nature : un romantisme farouche, douloureux, bouleversant. » Cécile Mury, Télérama
L’Or de Naples - Vittorio De Sica – 1954 - 2h11
Avec Sophia Loren, Silvana Mangano, Vittorio De Sica, Totò, Paolo Stoppa.
Un caïd despote et envahissant. Un pizzaïolo volage. Des dragées pour de bien curieuses funérailles. Un joueur invétéré ruiné. L’étrange mariage d’une prostituée. Un marchand de sagesse persifleur.
Film à sketches qui rend hommage à la vie permanente du peuple napolitain. Les six histoires composent un ensemble baroque et contrasté au ton nullement homogène. Cruauté et tendresse s’unissent pour dépeindre la réalité de la ville en son temps.
Le Lit conjugal - Marco Ferreri – 1963 - 1h40
Avec Ugo Tognazzi, Marina Vlady, Riccardo Fellini.
Rome. Alfonso a toujours connu une vie sentimentale agitée. Ayant atteint la quarantaine, il décide de se marier. Il choisit Regina, une jolie jeune femme ayant reçu une éducation très religieuse. Durant les fiançailles elle se montre très sévère et réservée. Cela va-t-il durer ?
Le Lit conjugal installe la réputation de Ferreri, cinéaste provocateur entre tous. Maniant le registre du grotesque avec délectation et trouvant avec Ugo Tognazzi un interprète idéal, Ferreri déploie sa veine de moraliste enragé, satiriste et critique à l’égard des préjugés et des mœurs dominantes.
Main basse sur la ville - Francesco Rosi – 1963 - 1h45
Avec Rod Steiger, Salvo Randone, Guido Alberti.
A Naples, l’écroulement spectaculaire d’un immeuble vétuste encore habité dévoile un scandale immobilier dans lequel sont impliqués la municipalité et les promoteurs. Notamment un, Eduardo Nottola, conseiller municipal et entrepreneur. La gauche exige la constitution d’une commission d’enquête.
Cinéaste engagé, emblématique de la péninsule, Rosi pose le problème des rapports entre la morale et la politique. Pour conquérir et conserver le pouvoir, toutes les méthodes sont bonnes : discours démagogiques, prébendes, intimidations. La démocratie n’est plus qu’un simulacre qui conduit à tous les abus.
Mafioso - Alberto Lattuada - 1962 - 1h45
Avec Alberto Sordi, Norma Bengell, Gabriella Conti.
Antonio Badalamenti est contremaître dans une usine milanaise. Il emmène pour un bref séjour femme et enfants en Sicile, sa terre natale. Là, le caïd local lui demande un service en retour du travail qu’il lui a trouvé.
Le chef-d’œuvre méconnu de Lattuada, fondé sur un scénario d’une étonnante audace. On retrouve dans le film l’opposition classique entre deux civilisations : celle du Nord industrielle et urbanisée, celle du Sud agricole et villageoise. Alberto Sordi, confondant de naturel, trouve là un de ses rôles les plus aboutis.
Bandits à Orgosolo – Vittorio De Seta – 1960 – 1h32
Avec : Michele Cossu, Peppeddu Cuccu, Vittorina Pisano.
Au coeur de la Sardaigne, en pleine montagne, dans un paysage abrupt et désolé. Deux frères, Michele et Giuseppe, veillent sur un troupeau de moutons. Un jour, trois hommes arrivent dans leur bergerie : recherchés par les carabiniers, ils sont en fuite. Suite à cet événement, Michele se retrouve accusé d’un vol de cochons et du meurtre d’un gendarme. Il n’aura d’autre choix que de fuir dans la montagne, à laquelle il demeure viscéralement attaché.
Dans ce film, fortement influencé par le néoréalisme et interprété par d’authentiques bergers des lieux qu’il a filmés, De Seta a voulu, selon ses propres termes, rendre hommage aux habitants de la Barbagia, zone montagneuse du centre de la Sardaigne. A partir d’un fait divers, somme toute assez banal à l’époque du tournage, il s’interroge sur le mythe du « bandit sarde » et sur la réalité qu’il recouvre. Un « cinéma-vérité » à la force toujours intacte, qui n’est pas sans annoncer, deux ans plus tard, celui de Francesco Rosi avec Salvatore Giuliano.
La Fille à la valise - Valerio Zurlini – 1961 - 2h01
Avec Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciano Angiolillo.
Au volant de sa décapotable, Marcello, un jeune playboy, abandonne sans scrupules sur le bord de la route Aida, une chanteuse de cabaret qu’il a séduite. Cependant, la jeune femme fait son retour dans la maison familiale de Marcello : celui-ci charge alors son jeune frère, Lorenzo, de l’éloigner de lui. Mais Lorenzo se prend au jeu et se met en tête de devenir le chevalier servant de la jeune Aida.
Zurlini a longtemps fait figure de mal-aimé. La postérité n’a fait que lui rendre justice : en témoigne ce film d’une extrême délicatesse, où la toute jeune Claudia Cardinale trouve l’un de ses rôles les plus bouleversants. Ce portrait de deux êtres qui vont tout faire pour s’aimer, et ce en dépit de leurs différences de classe, en dit long sur une société qui sépare et divise les êtres. Un véritable bijou, à ne pas manquer.
Les Aventures de Pinocchio – Luigi Comencini – 1972 – 2h15
Avec : Nino Manfredi, Gina Lollobrigida, Andrea Balestri, Vittorio De Sica.
Menuisier de Toscane désargenté et vivant seul, le brave Gepetto décide, pour se donner une compagnie, de fabriquer une marionnette qu’il prénomme Pinocchio. Il ne s’attend pas à ce que, dans la nuit qui va suivre, la fée Turquoise anime cet être de bois et fasse de lui l’enfant dont il a toujours rêvé. Mais le jeune Pinocchio se révèle plus turbulent que prévu : après avoir fait l’école buissonnière, il disparaît avec un directeur de cirque. Ce n’est que le début d’aventures tumultueuses, durant lesquelles il hésitera entre bonnes résolutions et tentations nombreuses.
Également présenté, à l’époque, sous forme de feuilleton à la télévision italienne, le Pinocchio de Comencini vous est ici présenté dans sa version cinéma. L’artifice cinématographique y restitue avec brio tout le charme d’un des mythes les plus célèbres du folklore transalpin. Le merveilleux semble inspirer chaque plan de cette adaptation à la fois fidèle et pleine de trouvailles. Sans oublier l’interprétation bouleversante de Manfredi ni celle, irradiante, de la grande Gina Lollobrigida en fée Turquoise !