Spots publicitaires à l’appui, les enseignes de pompes funèbres sont devenues un business comme un autre, avec le risque que la logique du marché prenne le pas sur celle de la communauté. Dans un spectacle-performance rare et audacieux, à la fois lumineux et drôle, Aurélia Lüscher réussit brillamment à s’emparer de la question du traitement que l’on réserve aux corps défunts dans nos sociétés occidentales.

Rien de morbide dans cette proposition singulière. C’est même tout le contraire. Confrontée à la perte d’une proche, l’autrice, comédienne et metteuse en scène s’est intéressée à la dimension culturelle des pratiques mortuaires. Une multitude de questions hétéroclites en tête, elle entreprend pour ses recherches une série d’immersions au long cours dans les métiers du funéraire. S’ensuivent des discussions sans filtres avec sa mère, des rencontres avec un sénateur, des thanatopracteur·rices, ou des employé·es de pompes funèbres. Après avoir lu frénétiquement tout ce qu’elle pouvait trouver sur la mort, devenue une spécialiste du dimanche d’un sujet vaste et infini, elle souhaite aujourd’hui partager ses recherches avec le public. À l’interrogation centrale qui l’anime : « Comment peut-on faire autrement aujourd’hui avec nos morts, si ce qui est proposé ne nous convient pas ? », prenant appui sur sa pratique de céramiste, elle répond avec une performance théâtrale à l’humour malicieux, et contre toute attente, remarquablement vivante.